samedi 30 janvier 2016

PORTISHEAD


Third
(Island records 2008) 

Portishead, groupe emblématique du trip hop au côté de Massive Attack et Tricky, aura mis plus de dix ans à donner une suite studio à Portishead, leur second album éponyme.  A sa sortie en 2008, les attentes étaient énormes et l'on pouvait se demander si le groupe allait se contenter d'améliorer la formule (avec plus ou moins de bonheur) ou bien si il allait choisir de se réinventer. Et fort heureusement, Geoff Barrow, Beth Gibbons et Adrian Utley ont choisi la seconde voie. Et même si les morceaux à l'ancienne (excellents d'ailleurs) sont bien présents, le son est brut résolument rock et même post punk. Fini les samples qui portaient les morceaux placent aux guitares, à la batterie, aux sons électroniques vintage (on entend clairement les influences de Kraftwek ou même Silver Apples) et bien sûr à la voix si caractéristique de Beth Gibbons. L'album fourmille d'idées, part dans une direction pour mieux surprendre l'instant suivant.  Portishead a su se remettre en question et explorer de nouvelles directions sans jamais faillir, pour ce que je considère comme leur meilleur album.



CONTEMPORARY NOISE SEXTET

Ghostwriter's Joke
(Denovali Records 2011) 
Contrairement à ce que le nom de ce groupe polonais  pourrait laisser croire, il n'est absolument pas question de bruit mais de jazz. Un jazz classique mais chargé en énergie positive, fortement influencé par les musiques de films noirs des années 60. Les six musiciens ne cherchent ni à singer, ni à se démarquer, mais simplement à proposer d'excellents morceaux joués avec une énergie très rock, chaque instrument (batterie, piano, basse, cuivres, guitare) tirant son épingle du jeu tout en conservant une cohérence parfaite.  Car ce qui frappe ici c'est bien l'incroyable force qui se dégage de chaque composition, une force tranquille, maîtrisée. Les musiciens sont ici tous au service des morceaux, aucun d'entre eux ne cherchant à se mettre en avant.  Le meilleur exemple en est Morning ballet. Le fantastique deuxième morceau de Ghostwriter's joke propulsé par une ligne de basse imparable et une mélodie au saxophone parfaite est tout simplement irrésistible, mené à un train d'enfer et rebondissant d'idée en idée sans temps mort avec une évidence et une inventivité folle. Un groupe, qui de par ses origines, n'aura jamais de succès en dehors de ses frontières  mais qui mériterait pourtant une reconnaissance bien plus large au vu de la qualité de la musique proposée.



vendredi 15 janvier 2016

MBONGWANA STAR

From Kinshasa to the moon
(World Circuit Records 2015)

L'album commence par quelques sons électroniques, puis la rythmique tranquillement chaloupée et une ligne basse entêtante entrent rapidement en scène avant qu'une guitare n'égraine quelques arpèges. Finalement la voix place la musique de Mbongwaba Star sur le continent africain. Ce morceau introductif résume le souffle qui traverse ce magnifique album. À savoir une originalité de tous les instants, où les basses post punk voire dub croisent des parties d'orgues, des polyrythmies plus ou moins identifiables comme africaines, des guitares punk, des sons électroniques et même des pianos à pouce électrifiés. Oubliez la world music, Mbongwaba Star ne s’embarrasse pas des conventions pour un résultat foncièrement original et maîtrisé où rien ne semble forcé. Une originalité facilement abordable grâce une production qui fait le choix d'arrondir les angles. On perd ainsi certainement en puissance de feu mais la qualité des morceaux est telle que ce léger reproche ne doit pas vous empêcher de vous ruer sur ce disque fantastique à l'image du dansant et irrésistible "Malukayi" avec Konono n°1 en invités.
Mbongwaba Star est un groupe de la république démocratique du Congo composé de sept membres, dont deux transfuges de Staff Benda Bilili et Doctor L franco-britannique déjà auteur de plusieurs albums solo et également producteur émérite (Tony Allen,...).


ONEOHTRIX POINT NEVER

Garden of Delete
(Warp 2015)

Daniel Lopatin l'homme derrière Oneohtrix Point Never n'a eu de cesse à chaque album de se réinventer. Si les sonorités de synthé estampillées années 80 sont toujours bien présentes, nous sommes maintenant à des années lumières des dérives spatiales minimalistes de Rifts qui l’ont fait connaître en 2009. Le spectre sonore s'est sensiblement élargi pour créer un univers résolument électronique assez unique, marqué par des changements stylistiques à la fois incongrus et évident. Lopatin fait littéralement chanter les machines (magie des logiciels) tour à tour chanteuse de R & B sous hélium ou chanteur de métal burné, ose les plans guitares approximatifs (sample d’un tutoriel extrait de Youtube) pour sans transition enchaîner sur un double blast de batterie que ne renierait pas un groupe death metal. Mais ces quelques éléments isolés ne sauraient résumer un album protéiforme et ambitieux, Oneohtrix Point Never vient encore une fois de sortir un disque touffu, brillant, mélodique et surprenant. La très grande classe.


mercredi 13 janvier 2016

JLIN

Dark Energy
(Planet Mu 2015)

La marque de fabrique de Dark Energy est une rythmique syncopée, heurtée pour une résultat instable, frénétique, chargé d'éléments qui se télescopent pour mieux fusionner. Jlin productrice américaine dont Dark Energy est le premier album vient de réussir un coup de maître dans un genre, le footwork, pour l'instant plus connu pour ses singles (certains regroupés sur les excellentes compilations du label anglais Planet Mu) que ses formats longs. Les structures rythmiques, complexes, sont accompagnées de lambeaux de voix soutenues par des cordes et des synthés menaçants en réinvention permanente. Un disque sombre et exigeant car ne se reposant pas sur des schémas mélodiques faciles mais assurément une sacrée réussite.



HIGH WOLF

Growing Wild
(Leaving Records 2015)

Depuis plusieurs années Maxime Primault, français installé en Californie envoie des cartes postales psychédéliques sous forme de disques de grande qualité que ce soit sous les noms High Wolf ou Black Zone Myth Chant. Growing wild son dernier album sous la bannière High Wolf est clairement sous perfusion africaine, empruntant autant aux sonorités sahariennes, qu'au Shangaan électro. Si les premières minutes très inspirées laissent à penser que l'on se dirige vers une relecture fidèle du (des) genre(s), High wolf prend très vite la tangente et emprunte sans retenu des chemins de traverses (bleeps et basses électroniques, synthé, breaks) propulsé par une boite à rythme émulation raide des polyrythmies chers au genre. Aussi casse-gueule que puisse être la démarche, les morceaux s'enchaînent sans temps mort dominés largement par des lignes de guitare toutes plus excellentes les unes que les autres. Un disque lumineux à écouter sans modération.